Regarder de la pornographie est tout à fait courant et répandu, ce n’est pas parce que c’est votre cas et que vous avez des questionnements quant à votre vie sexuelle que vous devez complétement arrêter d’en consommer. Cela peut permettre d’explorer sa sexualité, se stimuler ou pimenter la vie de couple. En trouver et en consommer est devenu très facile grâce à Internet, c’est justement ce détail qui peut engendrer des problèmes et une certaine détresse. En clair : le soucis ne vient pas forcément du fait de consommer de la pornographie, mais plutôt de la façon dont vous le consommez.
Si vous avez l’impression que la pornographie prend une place trop importante dans votre vie et dans votre sexualité, vous n’êtes pas seul-e.
IMPORTANT : Dans ce contexte, il est essentiel de rappeler que la sexologie peut jouer un rôle précieux pour mieux comprendre le fonctionnement du désir et identifier d’éventuels blocages… Mais la sexologie ne remplace pas un accompagnement en addictologie lorsque l’addiction est avérée. Il peut être nécessaire de travailler en complémentarité avec des professionnels spécialisés dans les addictions.
La pornographie ou l’excitation “trop facile” qui déconnecte du lien émotionnel
Lorsque vous regardez du porno, il suffit d’un clic pour passer d’une scène à une autre, sauter un passage, ou chercher un contenu très spécifique. Cette facilité d’accès pousse le cerveau à associer le désir sexuel à un contrôle total, comme si l’excitation devait toujours être rapide, intense, et personnalisée. Ça devient quelque chose que l’on peut totalement contrôler, comme une chaîne de télévision ou une radio qui ne diffuse pas un programme qui nous intéresse.
Plot twist : cela n’est pas possible dans la vraie vie. La réalité des relations sexuelles est bien différente puisqu’elles sont plus lentes, imprévisibles et accès sur le relationnel. Le zapping habituel sur les sites pornographiques peut créer une frustration et une baisse d’excitation lors des rapports.
Le désir sexuel se manifeste lorsque plusieurs stimuli sensoriels entrent en jeu tels que : le regard, le toucher, le goût, le baiser, les mots… Ces éléments composent une forme d’échange avec l’autre, des émotions. Or, durant la consommation de porno, cette dimension de proximité est absente à l’exception du regard, et encore, cela reste un regard passif. Dans certains cas, cela peut même conduire à un blocage du désir car son apparition dans la vraie vie est modifiée, voire affaiblie. Les stimulations naturelles et progressives ne suffisent plus à déclencher l’excitation : le cerveau ne réagissant principalement qu’à la stimulation visuelle.
La sexualité implique du relationnel, de la communication, un jeu de séduction et une part d’affectif. Or, dans le porno, ces éléments sont très rarement présents. A force de consommer des scènes où toute la relation est purement physique et axée sur la performance, nous perdons l’habitude d’explorer l’autre, de créer du lien et de prendre son temps pour accroître le désir. L’anxiété peut même s’inviter lors des rapports : comment aborder ? Comment se comporter ? Comment ? Autant de questions qui traduisent un trouble du lien.
À force de consommer des scènes où toute la relation est réduite à l’acte sexuel et à la performance, nous perdons l’habitude d’explorer l’autre, de créer du lien et de prendre notre temps pour accroître le désir. Cela peut favoriser l’angoisse de la performance : se demander comment se comporter, comment être à la hauteur, voire avoir peur de ne pas « assurer » comme les acteurs.
Plusieurs études, comme celle publiée dans Sexual Medicine (Perry, 2019), montrent que la consommation fréquente de porno est associée à une augmentation de l’anxiété de performance sexuelle et à une moindre satisfaction dans la vie intime.
Quand le porno alimente les complexes et modifie les standards de beauté
Un autre impact important de la pornographie réside dans l’image du corps qu’elle transmet. Les films pornographiques mettent en avant des standards très éloignés de la réalité. On y retrouve le plus souvent des hommes musclés, avec des érections durables et un pénis souvent bien supérieur à la moyenne réelle, et des femmes jeunes, minces, épilées, aux proportions stéréotypées, toujours disponibles et orgasmant facilement.
À force d’être exposé à ces représentations, il devient difficile de ne pas les prendre comme référence implicite. Cela peut générer des complexes : chez les hommes qui s’inquiètent de la taille de leur sexe ou de leur endurance, et chez les femmes qui se comparent à ces corps standardisés.
Plusieurs recherches appuient ce constat :
- Une étude publiée dans Body Image (Vandenbosch & Eggermont, 2013) a montré que la consommation de pornographie est corrélée à une insatisfaction corporelle accrue.
- Une revue de la littérature par Grubbs et al. (2019, Archives of Sexual Behavior) souligne que la pornographie influence les attentes en matière de corps et de sexualité, et renforce la comparaison sociale.
- L’American Psychological Association (APA) met également en garde contre l’impact du porno sur l’image corporelle et l’estime de soi, en particulier chez les adolescents et les jeunes adultes.
En clair, le porno ne se contente pas de nous donner des stimulis instantanément : il impose des normes et des repères qui ne sont pas les nôtres. Et lorsque l’on se met à se comparer à ce qu’on voit dans la pornographie, on peut complétement casser notre confiance en soi et détériorer notre vie intime.
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